Des oeuvres de Swedenborg

 

Le Cheval Blanc #1

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1. Le Cheval Blanc

Dans Jean, la Parole 1 , quant au sens spirituel ou interne, est décrite ainsi dans l'Apocalypse: « Je vis le Ciel ouvert, et voici, un cheval blanc, et Celui qui était monté dessus est appelé Fidèle et Véritable, et en justice il juge et combat. Ses Yeux, comme une flamme de feu ; et sur sa Tête, beaucoup de Diadèmes ; ayant un Nom écrit que personne ne connaît que Lui-même ; et revêtu d'un vêtement teint de sang ; et s'appelle son Nom: La parole de dieu. Et les Armées qui (sont) dans les cieux Le suivaient sur des Chevaux blancs, vêtues de fin lin blanc et net. Et il a, sur son vêtement et sur sa cuisse, Nom écrit: ROI DES ROIS ET SEIGNEUR DES SEIGNEURS.» — Apocalypse 19:11-14, 16. 2

Ce qu'enveloppe chacune de ces choses, on ne peut le savoir que d'après le sens interne; il est évident que toutes, sans exception, sont des Représentatifs et des Significatifs 3 , à savoir, le Ciel ouvert, le Cheval Blanc, Celui qui était monté dessus jugeant et combattant en Justice, ses yeux comme une flamme de feu, beaucoup de diadèmes sur sa tête, le Nom que nul autre que Lui ne connaît, le vêtement teint de sang et dont il était revêtu, les Armées qui sont dans les Cieux et qui Le suivaient sur des Chevaux Blancs, vêtues de fin lin blanc et net, et le Nom écrit sur son vêtement et sur sa cuisse. Il est dit ouvertement que c'est la Parole, et que c'est le Seigneur qui est la Parole, car il est dit: « Son Nom s'appelle la parole DE dieu», et ensuite: « Il a, sur son vêtement et sur sa cuisse, un Nom écrit: Roi des rois et seigneur des seigneurs.»

D'après l'interprétation de chaque mot il est évident qu'ici la Parole est décrite quant au Sens Spirituel ou Interne: Le Ciel ouvert, représente et signifie que le sens interne de la Parole est vu dans le Ciel, et par suite dans le Monde par ceux auxquels le Ciel est ouvert. Le Cheval qui est Blanc, représente et signifie l'entendement de la Parole quant à ses intérieurs ; que le Cheval Blanc ait cette signification, on le verra dans la suite. Celui qui était monté dessus, c'est le Seigneur quant à la Parole, ainsi la Parole ; cela est évident, car il est dit: Son Nom s'appelle la Parole de Dieu. Il est appelé Fidèle et jugeant en justice, d'après le Bien, et il est appelé Véritable et combattant en justice, d'après le Vrai, car le Seigneur Lui-même est la Justice. Ses yeux comme une flamme de feu, signifient le Divin Vrai d'après le Divin Bien de son Divin Amour. Sur sa tête beaucoup de diadèmes, signifie tous les biens et tous les vrais de la foi. Ayant un Nom écrit que personne ne connaît que Lui-Même, signifie que nul autre que Lui et celui à qui II le révèle ne voit quelle est la parole dans le sens interne. Revêtu d'un vêtement teint de sang, signifie la Parole dans la lettre, à laquelle il a été fait violence, Les Armées dans les Cieux qui Le suivaient sur des Chevaux blancs, signifient ceux qui sont dans l'entendement de la Parole quant aux intérieurs ; vêtues de fin lin blanc et net, signifie les mêmes dans le vrai d'après le bien. Le Nom écrit sur son vêtement et sur sa cuisse, signifie le bien et le vrai et leur qualité. D'après ces choses et d'après celles qui précèdent et celles qui suivent, il est évident que, là, il est prédit que vers le dernier temps de l'Église le Sens spirituel ou interne de la Parole serai ouvert ; or, ce qui doit arriver alors y est aussi décrit, Vers. 17-19-21. Que ces choses soient signifiées par ces paroles, il n'est pas besoin de le montrer ici, puisque chacune de ces choses a été montrée dans les arcanes célestes 4 , par exemple :

- Que Le Seigneur est la Parole, parce qu'il est le Divin Vrai 5 , Arcanes Célestes 2533, 2803, 2894, 5272, 7678.

- Que la Parole est le Divin Vrai, Arcanes Célestes 4692, 5075, 9987.

- Qu'il est dit monté sur un Cheval, jugeant et combattant en Justice, parce que le Seigneur est la Justice 6 ;

- Que le Seigneur est appelé Justice, parce qu'il a sauvé le Genre humain par sa propre puissance, Arcanes Célestes 1813, 2025-2027, 9715, 9809, 10019, 10152 ; et que la Justice est le Mérite 7 qui appartient au Seigneur Seul, Arcanes Célestes 9715, 9979.

- Que les Yeux comme une flamme de feu signifient le Divin Vrai d'après le Divin.

A titre d'exemple, voici des extraits des cinq premiers numéros cités, pour illustrer l'affirmation: « Le Seigneur est la Parole, parce qu'il est le Divin Vrai».

Arcanes Célestes 2533 (à propos de Genèse 20:7) ... lorsqu' Abraham, qui représente le Seigneur dans cet état, est appelé homme, il signifie le Céleste Vrai, qui est la même chose que la Doctrine procédant d'une origine céleste...

Arcanes Célestes 2803. Le Divin Vrai est le Fils, et le Divin Bien est le Père; on peut le voir par la signification du fils, en ce qu'il est le Vrai, et par celle du père en ce qu'il est le Bien; puis par la conception et la naissance du Vrai, en ce qu'il procède du Bien; le Vrai ne peut être et ne peut exister que par le Bien, comme il a été plusieurs fois expliqué: ici, si le Fils est le Divin Vrai et le Père le Divin Bien, c'est parce que l'union de l'Essence Divine avec l'Essence Humaine, et de l'Essence Humaine avec l'Essence Divine, est le Mariage Divin du Bien avec le Vrai et du Vrai avec le Bien, d'où procède le Mariage Céleste.

Arcanes Célestes 2894 (qui cite Jean 1:1-14) ... le Sens Interne enseigne que c'est le Seigneur, quant au Divin Humain, qui est entendu par la Parole...

Arcanes Célestes 5272 (à propos de Genèse 41:28) ... Quant au mot Parole, dans la Langue originale, il exprime une chose, de là aussi la révélation Divine est nommée Parole, et il en est de même du Seigneur dans le sens suprême ; et quand la parole se dit du Seigneur, et aussi de la révélation faite par le Seigneur, elle signifie, dans le sens le plus proche, le Divin Vrai par lequel existe tout ce qui est une chose...

Arcanes Célestes 7678 (à propos de Exode 10:13) ... La Puissance divine qui est décrite par la main de Moscheh (= Moïse) est la puissance du Vrai Divin... il y a même dans le Divin Vrai qui procède du Divin Bien une telle puissance, que par lui ont été créées toutes les choses qui sont dans l'Univers ; la Parole signifie ce Vrai dans Jean: Dans le commencement était la Parole... toutes choses par Elle ont été faites Jean 1:1, 3) ; c'est de là que des miracles ont été faits par Moscheh, car Moscheh représente le Divin Vrai...

Séquent la Parole dans la lettre, Arcanes Célestes 5248, 6918, 9158, 9212 ; et parce que le Sang signifie la violence faite au vrai par le faux, Arcanes Célestes 374, 1005, 4735, 5476, 9127. Que les Armées dans les Cieux le suivaient sur des Chevaux Blancs signifient ceux qui sont dans l'entendement de la Parole quant aux intérieurs 8 , c'est parce que les Armées signifient ceux qui sont dans les vrais et dans les biens du Ciel et de l'Église,Arcanes Célestes 3448, 7236, 7988, 8019; et le Cheval, l'entendement,Arcanes Célestes 3217, 5321, 6125, 6400-6401, 6534, 7024, 8146, 8381; et le blanc, le vrai qui est dans la lumière du Ciel, par conséquent le vrai intérieur,Arcanes Célestes 3301, 3993, 4007, 5319. Que vêtues de fin lin blanc et net signifie les mêmes dans le vrai d'après le bien, c'est parce que le fin lin ou l'étoffe de lin signifie le vrai d'origine céleste, c'est-à-dire, le vrai d'après le bien, Arcanes Célestes 5319, 9469. Que le Nom écrit sur son vêtement et sur sa cuisse signifie le vrai et le bien et leur qualité, c'est parce que le vêtement signifie le vrai, et le nom la qualité, comme ci-dessus, et que la cuisse signifie le bien de l'amour, Arcanes Célestes 3021, 4277, 4280, 9961, 10488. Que Roi des rois et Seigneur des seigneurs, c'est le Seigneur quant au Divin Vrai et quant au Divin Bien ; que le Seigneur est appelé Roi d'après le Divin Vrai, Arcanes Célestes 3009, 5068, 6148 ; et qu'il est appelé Seigneur d'après le Divin Bien, Arcanes Célestes 4973, 9167, 9194. D'après cela on voit quelle est la Parole dans le Sens spirituel ou interne, et qu'il n'y a en elle aucun mot qui ne signifie quelque spirituel, c'est-à-dire, quelque chose appartenant au Ciel et à l'Église.

Bien 9 du Divin Amour 10 , c'est parce que les Yeux signifient l'Entendement 11 et le Vrai de la foi 12 ,Arcanes Célestes 2701, 4403-4421, 4523-4534, 6923, 9051, 10569 ; et la Flamme de feu, bien de l'amour, Arcanes Célestes 934, 4906, 5215, 6314, 6832. Que les diadèmes qui étaient sur sa tête signifient tous les biens et tous vrais de la foi, Arcanes Célestes 114, 3858, 6335, 6640, 9863, 9865, 9868, 9873, 9905. Que ayant un Nom écrit que personne ne connaît que Lui-Même signifie que nul autre que le Seigneur et celui à qui Il le révèle ne voit quelle est la Parole dans le Sens interne, c'est parce que le Nom signifie la qualité de la chose, Arcanes Célestes 144-145, 1754, 1896, 2009, 2724, 3006, 3237, 3421, 6674, 9310. Que revêtu d'un vêtement teint de sang signifie la Parole dans la lettre 13 Arcanes Célestes 1073, 2576, 5248, 5319, 5954, 9212, 9216, 9952, 10536; surtout le vrai dans les derniers 14 , par conséquent la Parole dans la lettre, (Arcanes Célestes 5218, 6918, 9158, 9212) et parce que le Sang signifie la violence faite au vrai par le faux (Arcanes Célestes 374, 1005, 4735, 5476, 9127) Que les Armées dans les Cieux le suivaient sur des Chevaux Blancs signifient ceux qui sont dans l'entendement de la Parole quant aux intérieurs c'est parce que les Armées signifient ceux qui sont dans les vrais et dans les biens du Ciel et de l'Église (Arcanes Célestes 3448, 7236, 7988, 8019 et le Cheval l'entendement (Arcanes Célestes 3217, 5321, 6125, 6400, 6101, 6531, 7021, 8116, 8381) et le blanc le vrai qui est dans la lumière du Ciel par conséquent le vrai intérieur (Arcanes Célestes 3301, 3993, 1007, 5319). Que vêtues de fin lin blanc et net signifie les mêmes dans le vrai d'après le bien c'est parce que le fin lin ou l'étoffe de lin signifie le vrai d'origine céleste, cest à dire le vrai daprès le bien (Arcanes Célestes 5319, 9469). Que le Nom écrit sur son vêtement et sur sa cuisse signifie le vrai et le bien et leur qualité c'est parce que le vêtement signifie le vrai et le nom la qualité comme ci-dessus et que la cuisse signifie le bien de l'amour (Arcanes Célestes 3021, 1277, 1280, 9961, 10488). Que Roi des rois et seigneur des seigneurs c'est le Seigneur quant au Divin Vrai et quant au Divin Bien que le Seigneur est appelé Roi daprès le Divin Vrai (Arcanes Célestes 3009, 5068, 6118) et qu'il est appelé Seigneur d'après le Divin Bien (Arcanes Célestes 1973, 9167, 9191). Daprès cela on voit quelle est la Parole dans le Sens spirituel ou interne et qu'il n'y a en elle aucun mot qui ne signifie quelque spirituel, cest à dire quelque appartenant au Ciel et à l'Église.

Notes de bas de page:

1. La Parole (Verbum) désigne ici l'Écriture Sainte, la Parole de Dieu inspirée. Le même substantif neutre est utilisé dans la traduction latine du Prologue de l'Évangile de Jean pour traduire le mot grec Logos: « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.» (Jean 1:1).

2. Traduction littérale de Le Boys des Guays. Les majuscules, présentes dans le texte de Swedenborg, attirent l'attention sur les substantifs qui comportent un sens spirituel.

3. Représentatifs et Significatifs. Représentatifs (repraesentativum, neutre singulier): images, personnages, situations à interpréter non seulement en fonction de ce qu'ils sont sur la terre, mais en fonction de leur correspondance dans les mondes invisibles.
Significatifs (significativum, neutre singulier): signification intérieure d'un mot, alors que le terme de représentatif s'applique à une scène, un personnage. Swedenborg écrit à ce sujet dans les « Arcanes Célestes»: « Tout significatif, qui est dans la Parole, tire son origine des Représentatifs dans l'autre vie, et les représentatifs tirent leur origine des correspondances, parce que le monde naturel existe d'après le monde spirituel» (Arcanes Célestes 6048).

« Les historiques de la Parole sont des représentatifs, et les mots sont des significatifs» (d'après Arcanes Célestes 1540, 1659, 1709, 1783, 2686).

Les historiques signifient les événements et récits qui appartiennent à l'histoire, par exemple la vie d'Abraham et tous les évènements postérieurs de l'Histoire Sainte.

4. Arcanes Célestes. Le traité des Arcanes Célestes a été écrit par Swedenborg de 1748-1756. Il est principalement consacré à l'étude des deux premiers livres de l'Ancien Testament, la Genèse et l'Exode. Il en décrit minutieusement le sens spirituel de chaque mot et de chaque verset. Swedenborg s'appuie, dans ses explications, sur de nombreux versets tirés de l'ensemble de l'Ancien et du Nouveau Testament.
Les Arcanes Célestes comportent 10837 paragraphes ou plutôt subdivisions.
La reproduction en note des passages de chaque n° des Arcanes Célestes cité dans le Cheval Blanc aurait pu intéresser le lecteur, mais elle n'a pas semblé possible, car il y a plus de mille citations des Arcanes Célestes et près de deux cents d'un autre ouvrage: Ciel et Enfer, publié la même année que le Cheval Blanc (1759).

5. Le Divin Vrai (divinum Verum): La Vérité même, en quelque sorte la Lumière céleste, l'auteur de toute la création, le Fils dans l'expression trinitaire de Dieu (Arcanes Célestes 3704) — Voir les citations des Arcanes Célestes ci-dessus.

6. La Justice (Justifia) — Qualité divine qui résulte de l'amour du Seigneur envers les hommes. « On croit que le Seigneur est devenu la Justice parce qu'il a accompli toutes les choses de la loi, et que par leur accomplissement, il a délivré le genre humain d\»joug de la loi, ainsi de la damnation; mais il est devenu la Justice par la "subjugation" des enfers, par la remise des cieux en ordre et par la "glorification" de son humain; car, par cette glorification, il s'est mis en pouvoir de subjuguer à éternité les enfers par son Divin Humain, et de tenir les cieux en ordre, et ainsi de régénérer l'homme, c'est-à-dire de le délivrer des enfers et de le sauver» Arcanes Célestes 10239.

7. Le Mérite (Meritum) s'entend communément de la rémunération qu'espèrent les hommes en échange de leurs bonnes actions. Swedenborg établit au contraire (ci-dessus Arcanes Célestes 10239 ou Arcanes Célestes 9715) que si l'homme de bonne volonté est placé dans les conditions voulues pour être sauvé, le mérite ne lui en revient pas, mais au Seigneur seul, grâce à « l'ordination» (la remise en ordre) des cieux et à la « subjugation» des enfers qui infestaient le mental de l'homme.

8. Le Divin Bien (divinum Bonum) est l'Amour même de Dieu, duquel tout procède et qui est appelé le Père dans la Parole (Arcanes Célestes 2803 cité plus haut, ou Arcanes Célestes 3704). De lui découle le Divin Vrai ou Sagesse divine qui trouve son expression dans le Fils.

9. Le Divin Amour (divinus Amor) « Le Divin Amour même est l'amour du Seigneur envers tout le genre humain, qu'il veut sauver, auquel il veut donner les béatitudes et la félicité pour l'éternité...» Arcanes Célestes 4735.

Ces expressions abstraites, appliquées à Dieu, sont évidemment quasi impossibles à définir dans leur immensité. Là se trouve le mystère de l'Amour infini, de là infinie, de l'envie de créer et de la Vie communiquée à toute la création. Autrement dit, le mystère des trois aspects essentiels sous lesquels Dieu se fait connaître, derrière les mots de Père, Fils et Esprit-Saint.

Progressivement, ces trois termes ont été habituellement compris dans un sens beaucoup trop étroit et quasi familial pour le Père et le Fils, à cause de l'évolution du vocabulaire vers sa spécialisation, depuis plus de deux mille ans, en partant de la pensée hébraïque pour aller vers la culture gréco-latine, puis vers la nôtre.

10. L'Entendement (Intellectus) peut être compris selon son sens commun: intelligence, faculté de connaître et de comprendre, et se distingue donc de la volonté: source des émotions, passions, intentions et décisions.

Pour Swedenborg, le mental humain est constitué de la volonté et de l'entendement: on pourrait dire aussi, en langage moderne, intentionnalité et discrimination. « L'entendement est le réceptacle du vrai... Seuls ceux qui sont dans le bien et dans le vrai ont une volonté et un entendement, mais ceux qui sont dans le mal et dans le faux n'en ont point ; au lieu de la volonté, ils ont la convoitise, et au lieu de l'entendement, la connaissance.» (La Nouvelle Jérusalem et sa Doctrine Céleste 33).

11. Le Vrai de la Foi (Verum fidei). Il s'agit, en quelque sorte, des vérités spirituelles auxquelles l'homme adhère, par amour de la vérité et volonté de vivre selon le vrai et le bien, conformément à ce qui est prescrit dans la Parole.

L'homme n'y adhère pas en raison d'une foi aveugle, que Swedenborg appelle persuasive, mais par la « reconnaissance interne du vrai».

Cette ouverture n'est donnée qu'à ceux qui sont dans l'Amour du Seigneur et du prochain (d'après La Doctrine sur la Foi 1-13 et La Nouvelle Jérusalem et sa Doctrine Céleste 111).

Les yeux sont en correspondance avec cette foi éclairée. Éclairée en ce qu'elle apporte la satisfaction désintéressée de ne pas violenter la raison et de réchauffer le cœur.

12. Dans la lettre (in litera) veut dire: dans le texte littéral de l'Écriture Sainte, le sens littéral, normalement dégagé à la lecture du texte sacré a été déformé.

13. Dans les derniers (in ultimis). Dans le langage philosophique de Swedenborg, où figurent les antérieurs et les postérieurs, les premiers et les derniers, les intérieurs et les extérieurs, les successifs, etc., les derniers s'entendent de l'aspect ou de la conséquence ultime, la plus extérieure, la plus matérielle, on pourrait dire la plus terrestre et la plus pratique. Ainsi de ce qui pénètre en l'homme par ses sens externes. Mais ce terme de derniers n'est pas péjoratif, dans la mesure justement où il y a dans les derniers une illustration et une correspondance de vérités, connaissances ou sentiments éventuellement très élevés.

14. Quant aux intérieurs (quo ad interiora), autrement dit: ceux qui sont dans l'entendement de la Parole quant aux intérieurs sont ceux qui ont reçu la faculté de voir et de comprendre dans l'Écriture Sainte les vérités et enseignements profonds qu'apporte le sens interne ou sens spirituel.

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Des oeuvres de Swedenborg

 

Arcanes Célestes #3993

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3993. En en retirant toute bête piquetée et tachetée, signifie que sera séparé tout bien et tout vrai, qui lui appartient, avec lequel a été mêlé le mal qui est le piqueté, et avec lequel a été mêlé le faux qui est le tacheté : on le voit par la signification de retirer, en ce que c'est séparer ; et par la signification de la bête, qui comprend ici les chèvres et les agneaux, en ce que ce sont les biens et les vrais, numéros 1824, 3519. Qu'il y ait des arcanes renfermés dans ces paroles et dans celles qui suivent dans ce Chapitre, on peut le voir en ce que la plupart ne seraient pas dignes d'être mentionnées dans la Parole Divine, si elles ne renfermaient pas des choses plus profondes que celles qui se montrent dans la lettre ; par exemple, que Jacob ait demandé pour récompense la bête piquetée et tachetée parmi les chèvres, et noire parmi les agneaux ; qu'ensuite il ait placé dans les auges des bâtons de coudrier et de platane décortiqués jusqu'au blanc devant les bêtes du menu bétail de Laban, quand elles s'échauffaient ; et que, quant aux agneaux, il ait donné les faces du menu bétail au bariolé et noir dans le menu bétail de Laban, et qu'ainsi il soit devenu riche non par une bonne industrie, mais par une mauvaise ; dans tout cela il n'apparaît rien de Divin, lorsque cependant la Parole est Divine dans toutes et dans chacune des choses qu'elle contient, et jusqu'au moindre iota : et en outre, savoir cela n'est nullement utile au salut, pas même en la moindre chose, lorsque cependant la Parole, parce qu'elle est Divine, ne contient en elle que ce qui conduit au salut et à la vie éternelle ; d'après ces observations, et d'autres du même genre ailleurs, chacun peut conclure qu'il y a ici un Arcane, et que chacune de ces choses, quoiqu'elles soient telles dans le sens de la lettre, en renferment de plus divines : quant à ce qu'elles renferment, nul ne peut jamais le voir, à moins que ce ne soit d'après le sens interne, c'est-à-dire, à moins qu'il ne sache comment elles sont perçues par les Anges, car les anges sont dans le sens spirituel, lorsque l'homme est dans le sens naturel historique ; d'après ce qui a été exposé ici et ailleurs, l'on peut voir clairement, combien ces deux sens paraissent éloignés l'un de l'autre, quoiqu'ils soient très-conjoints. L'Arcane même qui est renfermé dans ces paroles et dans les paroles suivantes de ce Chapitre, peut-être, il est vrai, en quelque sorte connu d'après ce qui vient d'être dit de Laban et de Jacob, savoir, que Laban est le bien par lequel les biens et les vrais réels peuvent être introduits, et que Jacob est le bien du vrai ; mais comme il en est peu qui sachent ce que c'est que le naturel correspondant au bien spirituel, et qu'il y en a moins encore qui sachent ce que c'est que le bien spirituel et qu'il doit y avoir une correspondance, et bien moins encore qui sachent qu'une sorte de bien qui apparaît comme bien est le moyen pour introduire les biens et les vrais réels, il n'est pas par conséquent facile d'exposer, de manière à être compris, les arcanes qui traitent de ces choses, car ils tombent dans l'ombre de l'entendement, et c'est comme lorsque quelqu'un parle une langue étrangère, de quelque manière qu'il expose clairement le sujet qu'il traite, celui qui l'écoute ne le comprend cependant pas ; mais quoiqu'il en soit ainsi, il faut néanmoins exposer ces arcanes, car ce que la Parole renferme dans le sens interne doit être découvert : Ici, dans le sens suprême, il s'agit du Seigneur, comment Lui-Même fit Divin son Naturel, et dans le sens représentatif, il s'agit du Naturel chez l'homme, comment le Seigneur régénère ce Naturel et l'amène à la correspondance avec l'homme Intérieur, c'est-à-dire, avec l'homme qui doit vivre après la destruction du corps et est alors appelé l'Esprit de l'homme, et qui, après avoir été dégagé du corps, a avec lui tout ce qui appartient à l'homme Externe, excepté les Os et la chair, si la correspondance de l'homme Interne avec l'homme Externe n'a pas été faite dans le temps ou dans la vie du corps, elle ne se fait point par la suite ; il s'agit ici, dans le sens interne, de la conjonction de l'Un et de l'autre homme par la régénération qu'opéré le Seigneur. Il a été question des vrais communs, que l'homme doit recevoir et reconnaître, avant qu'il puisse être régénéré ; ces vrais ont été signifiés par les dix fils que Jacob a eus de Léah et des servantes ; et après que l'homme les a eu reçus et reconnus, il a été question de la conjonction de l'homme Externe avec l'homme Intérieur, ou de l'homme Naturel avec l'homme Spirituel, ce qui a été signifié par Joseph ; maintenant selon l'ordre, il s'agit de la fructification du bien et de la multiplication du vrai, lesquelles alors existent d'abord quand la conjonction a été faite, et existent en tant que la conjonction se fait ; voilà ce qui est signifié par le menu bétail que Jacob s'est acquis par le menu bétail de Laban ; le menu bétail y signifie le bien et le vrai, comme ailleurs dans beaucoup de passages de la Parole ; le menu bétail de Laban, le bien qui est représenté par Laban, bien dont la qualité a été donnée ci-dessus ; le menu bétail de Jacob, le bien et le vrai réels qui sont acquis par le bien que représente Laban ; quant à la manière dont les biens et les vrais réels sont acquis, c'est elle qui est décrite ici ; mais elle ne peut être comprise cri aucune manière, à moins qu'on ne sache ce qui est signifié dans le sens interne par le piqueté, par le tacheté, par le noir et par le blanc, il en sera donc d'abord parlé : Le piqueté et le tacheté, c'est ce qui provient du noir et du blanc ; le noir signifie en général le mal, en particulier le propre de l'homme, parce que ce propre n'est absolument que le mal ; mais le ténébreux signifie le faux, et en particulier les principes du faux ; le blanc dans le sens interne signifie le vrai, particulièrement la Justice et le Mérite du Seigneur, et par suite la Justice et le Mérite du Seigneur chez l'homme, ce blanc est appelé blanc éclatant (candidum), car il resplendit par la lumière qui procède du Seigneur ; mais le blanc dans le sens opposé signifie la justice propre ou le mérite propre ; en effet, le vrai sans le bien a avec soi un tel mérite, car lorsque quelqu'un fait le bien, non d'après le bien du vrai, il veut toujours être rétribué, parce qu'il le fait pour soi-même, mais lorsqu'il fait le vrai d'après le bien, ce vrai est illustré par la lumière qui procède du Seigneur : de là on voit clairement ce que c'est que le tacheté, à savoir, que c'est le vrai avec lequel a été mêlé le faux ; et ce que c'est que le piqueté, à savoir, que c'est le bien avec lequel a été mêlé le mal. Dans l'autre vie, il apparaît en actualité des couleurs si belles et si resplendissantes, qu'elles ne peuvent être décrites. numéros 1053, 1624, elles résultent du bariolage de la lumière et de l'ombre dans le blanc et le noir ; mais là, quoique la lumière apparaisse devant les yeux comme lumière, elle n'est point cependant comme la lumière dans le monde, la lumière dans le ciel a en elle l'intelligence et la sagesse, car la Divine Intelligence et la Divine Sagesse procédant du Seigneur s'y montrent comme lumière, et éclairent aussi tout le ciel, numéros 2776, 3138, 3167, 3190, 3195, 3222, 3223, 3225, 3339, 3340, 3341, 3485, 3636, 3643, 3862 ; l'ombre aussi, dans l'autre vie, quoiqu'elle apparaisse comme ombre, n'est pas cependant comme l'ombre dans le monde ; en effet, l'ombre y est l'absence de la lumière, par conséquent le manque d'intelligence et de sagesse ; de là viennent donc le blanc et le noir, et puisqu'ils existent, l'un par cette lumière dans laquelle il y a l'intelligence et la sagesse, et l'autre par cette ombre qui est l'absence de l'intelligence et de la sagesse, il est évident que par eux, savoir, par le blanc et le noir, sont signifiées les choses qui viennent d'être dites ; de là maintenant les couleurs, qui sont les modifications de la lumière et de l'ombre dans les blancs et les noirs, comme dans des plans ; les diversités qui en résultent sont ce qu'on nomme couleurs, numéros 1042, 1043, 1053 ; d'après ces explications on peut voir maintenant ce que c'est que le piqueté ou ce qui est marqué et parsemé de points, savoir, noirs et blancs, c'est-à-dire que c'est le bien avec lequel a été mêlé le mal, et ce que c'est que le tacheté, c'est-à-dire que c'est le vrai avec lequel a été mêlé le faux. Voilà les choses qui ont été tirés du bien de Laban, pour servir à introduire les biens et les vrais réels ; mais comment peuvent-elles servir ? C'est un arcane qui peut, il est vrai, se présente clairement devant ceux qui sont dans la lumière du ciel, parce que l'intelligence, ainsi qu'il a été dit, est dans cette lumière, mais il ne peut se présenter clairement devant ceux qui sont dans la lumière du monde, à moins que leur lumière du monde n'ait été illustrée par la lumière du ciel, comme chez ceux qui ont été régénérés ; en effet, chaque régénéré voit les biens et les vrais dans sa lueur naturelle d'après la lumière du ciel, car la lumière du ciel fait sa vue intellectuelle, et la lueur du monde sa vue naturelle : toutefois, il faut dire en peu de mots comment les choses se passent : Chez l'homme il n'existe point de bien pur, ou de bien avec lequel le mal n'ait pas été mêlé, ni de vrai pur, ou de vrai avec lequel le faux n'ait pas été mêlé ; en effet, le volontaire de l'homme n'est absolument que le mal, d'où influe continuellement le faux dans son intellectuel ; car, ainsi qu'il est notoire, l'homme par l'héréditaire tire avec soi le mal successivement accumulé par ses parents, d'après ce mal il produit lui-même en actualité le mal et le fait sien, et il ajoute encore le mal qu'il fait par lui-même ; mais les maux chez l'homme sont de genres différents ; il y a des maux avec lesquels les biens ne peuvent être mêlés, et il y a des maux avec lesquels ils le peuvent ; il en est de même des faux ; s'il n'en était pas ainsi, jamais aucun homme n'aurait pu être régénéré ; les maux et les faux, avec lesquels les biens et les vrais ne peuvent être mêlés, sont ceux qui sont contraires à l'amour pour Dieu et à l'amour envers le prochain, comme sont les haines, les vengeances, les cruautés, et par suite le mépris pour les autres en les comparant à soi-même ; puis aussi par suite les persuasions du faux ; mais les maux et les faux, avec lesquels les biens et les vrais peuvent être mêlés, sont ceux qui ne sont point contraires à l'amour pour Dieu et à l'amour envers le prochain : par exemple, si quelqu'un s'aime lui-même plus que les autres, et que d'après cet amour il s'applique à surpasser les autres dans la vie morale et civile, dans les scientifiques et les doctrinaux, et à être élevé aux dignités et aussi à s'enrichir plus que les autres, et que cependant il reconnaisse et adore Dieu, rende cordialement des Services au prochain, et fasse par conscience ce qui est juste et, équitable, le mal de cet amour de soi est un mal avec lequel le bien et le vrai peuvent être mêlés ; car c'est un mal qui est le propre de l'homme, et qui naît de l'héréditaire ; s'il lui était enlevé tout à coup, ce serait éteindre le feu de sa première vie : si, au contraire, il s'aime lui-même plus que les autres, et que d'après cet amour il ait du mépris pour les autres en les comparant à lui-même, de la haine contre ceux qui ne l'honorent pas et ne lui rendent pas pour ainsi dire un culte, et qu'il goûte pour cette raison le plaisir de la haine dans la vengeance et la cruauté, le mal d'un tel amour est un ma' avec lequel le bien et le vrai ne peuvent être mêlés, car ils sont contraires. Soit encore un exemple : Si quelqu'un se croit pur de péchés et aussi net que celui qui se lave dans l'eau, quand une fois il a fait pénitence et rempli ce qui lui a été imposé pour pénitence, ou quand il a entendu le confesseur lui faire une telle déclaration après la confession, ou après qu'il a eu participé à la sainte cène, et que cet homme vive d'une vie nouvelle, dans l'affection du bien et du vrai, il y a en cela un faux avec lequel le bien peut être mêlé ; mais s'il vit de la vie de la chair et du monde, comme auparavant, alors c'est un faux avec lequel le bien ne peut être mêlé. Soit encore pour exemple celui qui a cette croyance, que l'homme est sauvé par croire bien et non par vouloir bien, et qui cependant veut bien et par suite fait bien ; c'est là un faux auquel peuvent être adjoints le bien et le vrai, mais non s'il ne veut pas bien et par suite ne fait pas bien. Autre exemple : Si quelqu'un ne sait pas que l'homme ressuscite après la mort, et par suite ne croit pas la résurrection, ou s'il le sait, mais néanmoins doute et nie presque, et que cependant il vive dans le vrai et le bien, le bien et le vrai peuvent aussi être mêlés avec ce faux ; mais s'il vit dans le faux et le mal, alors ils ne peuvent pas être mêlés avec ce faux, car ils sont contraires, et le faux détruit le vrai, et le mal détruit le bien. Encore un exemple : La feinte et la ruse qui ont pour fin le bien, soit du prochain, soit de la patrie, soit de l'Église, sont de la prudence ; les maux qui y sont mélangés peuvent être mêlés avec le bien d'après la fin et à cause de la fin : au contraire, la feinte et la ruse qui ont pour fin le mal ne sont pas de la prudence, mais elles sont de l'astuce et de la fourberie, avec lesquelles le bien ne peut en aucune manière être conjoint ; car la fourberie qui est la fin du mal introduit l'infernal dans toutes et dans chacune des choses qui sont chez l'homme, place au milieu le mal, et rejette le bien sur les circonférences ; cet ordre est l'ordre infernal même : de même dans d'innombrables autres cas. Qu'il y ait des maux et des faux auxquels peuvent être adjoints des biens et des vrais, on peut le voir par cela seul qu'il y a tant de dogmes et de doctrinaux divers, dont le plus grand nombre sont entièrement hérétiques, et que cependant dans chacun de ces dogmes et de ces doctrinaux il y a des hommes qui sont sauvés ; et encore, en ce que parmi les nations qui sont hors de l'Église il y a aussi l'Église du Seigneur, et que, quoi qu’elles soient dans les faux, néanmoins ceux qui vivent de la vie de la charité sont sauvés, numéros , ce qui ne pourrait nullement se faire, s'il n'y avait pas des maux avec lesquels pussent être mêlés des biens, et des faux avec lesquels pussent être mêlés des vrais : en effet, les maux avec lesquels sont mêlés des biens, et les faux avec lesquels sont mêlés des vrais, sont admirablement disposés en ordre par le Seigneur, car ils ne sont pas conjoints, ils sont encore moins unis, mais ils sont adjoints et appliqués, et même de manière que dans le milieu comme dans un centre soient les biens avec les vrais, et que par degrés tout à l'entour ou sur les circonférences soient de tels maux et de tels faux, d'où il résulte que ceux-ci sont illustrés par ceux-là, et sont diversifiés comme les blancs et les noirs par la lumière qui part du milieu ou du centre ; cet ordre est l'ordre céleste. Voilà ce qui est signifié dans le sens interne par les piquetés et les tachetés.

  
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